(tilbage)

J
e voudrais que quelqu'un m'attende quelque part                          

Anna Gavalda
Lire, novembre 1999

Ce texte est extrait de"Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part" d'Anna Gavalda. Copyright Editions Le Dilettante.

                         JUNIOR                                                                                                                                 

I

 Junior, 20 ans, a la bonne mine et la tranquillité d'esprit des enfants que la réussite paternelle a mis à l'abri des aléas de la vie. Son copain et lui ne pensent qu'à séduire les filles de bonne famille.

Il s'appelle Alexandre Devermont. C'est un jeune homme tout rose et tout blond. Elevé sous vide. Cent pour cent savonnette et Colgate bifluor, avec des chemisettes en vichy et une fossette dans le menton. Mignon. Propre. Un vrai petit cochon de lait. Il aura bientôt vingt ans. Cet âge décourageant où l'on croit encore que tout est possible. Tant de probabilités et tant d'illusions. Tant de coups à prendre dans la figure aussi.
Mais pour ce jeune homme tout rose, non. La vie ne lui a jamais rien fait. Personne ne lui a tiré les oreilles jusqu'au point où ça fait vraiment mal. C'est un bon garçon.
Sa maman pète plus haut que son cul. Elle dit: «Allô, c'est Elisabeth Devermont...» en détachant la première syllabe. Comme si elle espérait encore duper quelqu'un... Tatatata... Tu peux payer pour avoir beaucoup de choses de nos jours mais ça, tu vois, pour la particule, c'est raté.
Tu ne peux plus t'acheter ce genre d'orgueil. C'est comme Obélix, il fallait tomber dedans quand tu étais petite. Ça ne l'empêche pas de porter une chevalière avec des armoiries gravées dessus.
Des armoiries de quoi? Je me le demande. Un petit fouillis de couronne et de fleurs de lys sur fond de blason. L'association des Charcutiers-Traiteurs de France a choisi les mêmes pour son papier à en-tête du syndicat mais ça, elle ne le sait pas. Ouf.
Son papa a repris l'affaire familiale. Une entreprise de fabrication de meubles de jardin en résine blanche. Les meubles Rofitex.
Garantis dix ans contre le jaunissement et sous n'importe quel climat.
Evidemment la résine, ça fait un peu camping et pique-nique à Mimile. Ça aurait été plus chic de faire du teck, des bancs classieux qui prennent lentement une belle patine et quelques lichens sous le chêne centenaire planté par le bisaïeul au milieu de la propriété... Mais bon, on est bien obligé de prendre ce qu'on vous laisse, hein. [...]
Vingt ans. Mon Dieu.
Le petit Devermont s'y est repris à deux fois pour avoir le bac mais le permis non, ça va. Il vient de l'avoir et du premier coup. Pas comme son frère qui l'a repassé trois fois.
Au dîner tout le monde est de bonne humeur. Ce n'était pas dans la poche car l'inspecteur du coin est un vrai con. Un poivrot en plus. C'est la campagne ici. Comme son frère et ses cousins avant lui, Alexandre a passé son permis pendant les vacances scolaires dans la propriété de sa grand-mère parce que les tarifs sont moins chers en province qu'à Paris. Presque mille francs d'écart sur un forfait stage. Mais enfin, là, le poivrot était à peu près à jeun et il a griffonné son papier rose sans faire l'intéressant.
Alexandre pourra se servir de la Golf de sa mère à condition qu'elle n'en ait pas besoin, sinon il prendra la vieille 104 qui est dans la grange. Comme les autres. Elle est encore en bon état mais elle sent la crotte de poule.
C'est la fin des vacances. Bientôt il faudra retourner dans le grand appartement de l'avenue Mozart et intégrer l'Ecole de commerce privée de l'avenue de Saxe. Une école dont le diplôme n'est pas encore reconnu par l'Etat mais qui a un nom compliqué avec plein d'initiales: l'ISERP ou l'IRPS ou l'ISDMF ou un truc dans ce goût-là. (Institut Supérieur De Mes Fesses.)
Notre petit cochon de lait a bien changé pendant ces mois d'été. Il s'est dévergondé et, même, il s'est mis à fumer. Des Marlboro Light.

II
C'est à cause de ses nouvelles fréquentations: il s'est entiché du fils d'un gros cultivateur de la région, Franck Mingeaut. Alors celui-là, ce n'est pas la moitié d'un. Friqué, tape-à-l'œil, tapageur et bruyant. Qui dit bonjour poliment à la grand-mère d'Alexandre et reluque ses petites cousines en même temps. Tskk tskk...
Franck Mingeaut est content de connaître Junior. Grâce à lui, il peut aller dans le monde, dans des fêtes où les filles sont minces et mignonnes et où le champagne des familles remplace la Valstar. Son instinct lui dit que c'est par là qu'il doit aller pour se faire une place au chaud. Les arrière-salles des cafés, les Maryline mal dégrossies, le billard et les foires agricoles, ça va un moment. Alors qu'une soirée chez la fille de Bidule au château de La Bidulière, voilà de l'énergie bien employée.
Junior Devermont est content de son nouveau riche. Grâce à lui, il dérape dans les cours gravillonnées en cabriolet de sport, il fonce sur les départementales de Touraine en lançant des bras d'honneur aux péquenots pour qu'ils garent leurs 4 L et il emmerde son père. Il a ouvert un bouton supplémentaire à sa chemisette et il a même remis sa médaille de baptême façon petit dur encore tendre. Les filles adorent.
Ce soir c'est "la" fête de l'été. Le comte et la comtesse de La Rochepoucaut reçoivent pour leur cadette Eléonore. Tout le gratin en sera. Depuis la Mayenne jusqu'au fin fond du Berry. Du Bottin Mondain en veux-tu en voilà. De jeunes héritières encore vierges comme s'il en pleuvait.
De l'argent. Pas le clinquant de l'argent mais l'odeur de l'argent. Des décolletés, des peaux laiteuses, des colliers de perles, des cigarettes ultra-légères et des rires nerveux. Pour Franck-la-gourmette et Alexandre-la-chaînette c'est le grand soir.
Pas question de rater ça.
Pour ces gens-là, un cultivateur riche restera toujours un paysan et un industriel bien élevé restera toujours un fournisseur. Raison de plus pour boire leur champagne et sauter leurs filles dans les buissons. Elles ne sont pas toutes sauvages les donzelles. Elles descendent en ligne directe de Godefroy de Bouillon et sont d'accord pour pousser un peu plus loin la dernière croisade.
Franck n'a pas de carton d'invitation mais Alexandre connaît le gars du pointage, pas de problème, tu lui files cent balles et il te laisse passer, il peut même aboyer ton nom comme dans les salons de l'Automobile Club si ça te chante.
Le gros hic c'est la voiture. La voiture ça compte pour conclure avec celles qui n'aiment pas trop le piquant des buissons.
La mignonne qui ne veut pas rentrer trop tôt, elle donne congé à son papa et elle doit trouver un chevalier servant pour la ramener. Sans voiture dans une région où les gens habitent à plusieurs dizaines de kilomètres les uns des autres, tu es soit un garçon fini soit un puceau.
Et là, la situation est critique. Franck n'a pas son aspirateur à belettes: en révision, et Alexandre n'a pas la voiture de sa mère: elle est rentrée à Paris avec.
Qu'est-ce qui reste? La 104 bleu ciel avec des fientes de poule sur les fauteuils et le long des portières. Il y a même de la paille au plancher et un autocollant «La chasse c'est naturel» sur le pare-brise. Bon Dieu, ça craint.
- Et ton paternel? Il est où?
- En voyage.
- Et sa caisse?
- Ben... elle est là pourquoi?
- Pourquoi elle est là?
- Parce que Jean-Raymond doit la laver à fond.
(Jean-Raymond, c'est le garde.)
- Ben c'est impeccable ça!!! On lui emprunte sa caisse pour la soirée et on lui ramène. Et hop, ni vu ni connu.
- Nan nan Franck, c'est pas possible ça. C'est pas possible.
- Et pourquoi!?
- Attends, s'il arrive quoi que ce soit je me fais tuer moi. Nan nan c'est pas possible...
- Mais qu'est-ce que tu veux qu'il arrive couille-molle? Hein qu'est-ce que tu veux qu'il arrive?!
- Nan nan...
- Bordel mais arrête avec ça, «Nan nan», qu'est-ce que ça veut dire? On a quinze bornes aller et quinze bornes retour. La route est toute droite et y aura pas un péquin dehors à c't'heure-là alors dis-moi où est le problème?
- Si on a la moindre emmerde...
- Mais quoi comme emmerde? Hein, quoi comme emmerde? J'ai mon permis depuis trois ans et j'ai jamais eu un seul problème tu m'entends? Pas ça.
Il met son pouce sous son incisive comme pour la déchausser.
- Nan nan pas d'accord. Pas la Jaguar de mon père.
- Putain mais c'est pas vrai d'être si con, mais c'est pas vrai!
- ...
- Qu'est-ce qu'on fait alors??? On va chez La Roche-de-mes-deux avec ta merde de poulailler roulant?
- Ben ouais...
- Attends mais on devait pas emmener ta cousine et passer prendre sa copine à Saint-Chinan?
- Ben si...
- Et tu crois qu'elles vont mettre leur petit cul sur tes sièges pleins de caca??!
- Ben nan...
- Bon ben alors! ... On emprunte la bagnole de ton père, on roule peinard et dans quelques heures, on la remet bien gentiment là où on l'a prise et c'est tout.
- Nan nan pas la Jaguar... (silence) ... pas la Jaguar.
- Attends, moi je me trouve quelqu'un pour m'emmener. T'es vraiment trop con. C'est le squat de l'été et tu veux qu'on se pointe avec ta bétaillère. Pas question. Est-ce qu'elle roule d'abord?
- Ouais elle roule.
- Puuutain mais c'est pas vrai ça...
Il tire sur la peau de ses joues.
- De toute façon, sans moi, tu peux pas entrer.
- Ouais ben entre pas y aller ou y aller avec ta poubelle j'sais pas ce qui est le mieux... Hé tu feras gaffe qui reste pas une poule hein?

III

Sur la route du retour. Cinq heures du matin. Deux garçons gris et fatigués qui sentent la clope et la transpiration mais pas la fornication (belle fête, mauvaise pioche, ça arrive).
Deux garçons silencieux sur la D 49 entre Bonneuil et Cissé-le-Duc en Indre-et-Loire.
- Eh ben tu vois... On l'a pas cassée... Hein... tu vois... C'était pas la peine de faire chier avec tes «nan nan». Y pourra l'astiquer demain le gros Jean-Raymond, la voiture à papa...
- Pffff... Pour ce que ça nous aura servi... On aurait pu prendre l'autre...
- C'est vrai que de ce côté-là, ceinture...
Il se touche l'entrejambe.
- ...T'as pas vu beaucoup de monde toi hein? ... Enfin... j'ai quand même un rencard demain avec une blonde à gros nichons pour un tennis...
- Laquelle?
- Tu sais celle qui...
Cette phrase il ne l'a jamais terminée parce qu'un sanglier, un cochon d'au moins cent cinquante kilos a traversé juste à ce moment-là, mais sans regarder, ni à droite ni à gauche, cet abruti.
Un sanglier très pressé qui revenait peut-être d'une boum et qui avait peur de se faire engueuler par ses parents.
Ils ont d'abord entendu le crissement des pneus et puis un énorme «bonk» à l'avant. Alexandre Devermont a dit:
- Et merde!
Ils se sont arrêtés, ils ont laissé leur portière ouverte et ils sont allés voir. Le cochon raide mort et l'aile avant droite raide morte: plus de pare-chocs, plus de radiateur, plus de phares et plus de carrosserie. Même le petit sigle Jaguar en avait pris un coup. Alexandre Devermont a redit:
- Et merde!
Il était trop éméché et trop fatigué pour prononcer un mot de plus. Pourtant, à ce moment-là très exactement, il avait déjà clairement conscience de l'immense étendue d'emmerdements qui l'attendait. Il en avait clairement conscience.
Franck a donné un coup de pied dans la panse du sanglier et il a dit:
- Bon ben on va pas le laisser là. Au moins qu'on le ramène, ça fera de la barbaque à manger...
Alexandre a commencé à se marrer tout doucement:
- Ouais, c'est bon le cuissot de sanglier...
C'était pas drôle du tout, c'était même dramatique comme situation mais le fou rire arrivait. A cause de la fatigue sûrement et de la nervosité.
- C'est ta mère qui va être contente...
- Ça c'est sûr, elle va être drôlement contente!
Et ces deux petits cons, ils riaient tellement qu'ils en avaient mal au bide.
- Bon ben... on va le foutre dans le coffre? ...
- Ouais.
- Merde!
- Quoi encore?!
- Y a plein de trucs...
- Hein?
- Il est plein je te dis! ... Y a le sac de golf de ton père et plein de caisses de pinard là-dedans...
- Ah merde...
- Qu'est-ce qu'on fait?
- On va le foutre derrière, par terre...
- Tu crois?
- Ouais, attends. Je vais mettre un truc pour protéger les coussins... Regarde dans le fond de la malle si tu vois pas un plaid...
- Un quoi?
- Un plaid.
- C'est quoi?
- ...Le truc à carreaux vert et bleu là, tout au fond...
- Ah! une couverture... une couverture de parigots quoi...
- Ouais si tu veux... Allez, magne.
- Attends je vais t'aider. C'est pas la peine qu'on lui tache ses sièges en cuir en plus...
- T'as raison.
- Putain ce qu'il est lourd! ...
- Tu métonnes.
- Y pue en plus.
- Eh Alex... c'est la campagne...
- Fait chier la campagne.
Ils sont remontés en voiture. Aucun problème pour redémarrer, visiblement le moteur n'avait rien. C'était déjà ça.

IV
Et puis quelques kilomètres plus loin: la grosse grosse frayeur. D'abord du bruit et des grognements dans leur dos.
Franck a dit:
- Putain mais c'est qu'il est pas mort ce con!
Alexandre n'a rien répondu. Trop c'était trop quand même.
Le cochon a commencé à se relever et à se tourner dans tous les sens.
Franck a pilé et il a gueulé:
- Hé on se casse maintenant!
Il était tout blanc.
Les portes ont claqué et ils se sont éloignés de la voiture. A l'intérieur c'était la merde totale.
La Merde Totale.
Les fauteuils en cuir couleur crème, défoncés. Le volant, défoncé. Le levier de vitesse en loupe d'orme, défoncé, les appuie-tête, défoncés. Tout l'intérieur de la caisse, défoncé, défoncé, défoncé.
Devermont junior, anéanti. L'animal avait les yeux exorbités et de l'écume blanche autour de ses grosses dents crochues. A voir, c'était horrible.
Ils ont décidé d'ouvrir la porte en se cachant derrière puis de monter se réfugier sur le toit. C'était peut-être une bonne tactique mais ça ils ne le sauront jamais parce que, entre-temps, le cochon s'était enfermé à l'intérieur en piétinant le bouton de la fermeture centralisée.
Et la clef était restée sur le tableau de bord. Ah ça... on peut dire que quand tout se déglingue, tout se déglingue.
Franck Mingeaut a sorti un téléphone portable de la poche intérieure de sa veste, très classe, et il a tapé le 18, très emmerdé.
Quand les pompiers sont arrivés, la bête s'était un peu calmée. A peine. Disons qu'il n'y avait plus rien à détruire. Le chef des pompiers a fait le tour de la voiture. Quand même, il était impressionné. Il n'a pas pu s'empêcher de dire:
- Un si beau véhicule, ça fait de la peine té.
La suite est insoutenable, pour les gens qui aiment les belles choses...
Un des hommes est allé chercher une énorme carabine, une espèce de bazooka. Il a éloigné tout le monde et il a visé. Le cochon et la vitre ont explosé en même temps.
L'intérieur de la voiture repeint à neuf: rouge.
Du sang, même au fond de la boîte à gants, même entre les touches du téléphone de bord.
Alexandre Devermont était hébété. On aurait pu croire qu'il ne pensait plus. Du tout. A rien. Ou seulement à s'enterrer vivant ou à retourner contre lui le bazooka du pompier.
Mais non, il pensait aux ragots dans le pays et à l'aubaine que ça allait être pour les écolos...
Il faut dire que son père a non seulement une magnifique Jaguar mais aussi des visées politiques tenaces pour contrer les Verts.
Parce que les Verts veulent interdire la chasse et créer un Parc naturel et n'importe quoi d'autre, du moment que ça emmerde les gros propriétaires terriens.
C'est un combat auquel il tient énormément et qui était presque gagné à ce jour. Encore hier soir, à table, en découpant le canard il disait:
- Tiens! En voilà un que Grolet et sa bande de peigne-culs ne verront plus dans leurs jumelles!!! Ah Ah Ah!
Mais là... le sanglier qui explose en mille morceaux dans la Jaguar Sovereign du futur conseiller régional, ça va un peu gêner aux entournures. Sûrement un peu, non?
Y a même des poils collés contre les vitres.
Les pompiers sont repartis, les flics sont repartis. Demain une dépanneuse viendra charger le... la... enfin le... truc gris métallisé qui encombre la chaussée.
Nos deux compères marchent le long de la route, la veste de smoking jetée sur l'épaule. Il n'y a rien à dire. De toute façon, au point où en sont les choses, ce n'est même plus la peine de penser non plus.
Franck dit:
- Tu veux une cigarette?
Alexandre répond:
- Ouais je veux bien.
Ils marchent comme ça un bon moment. Le soleil se lève dans les champs, le ciel est rose et quelques étoiles s'attardent encore un peu. On n'entend pas le moindre bruit. Seulement le froissement des herbes à cause des lapins qui courent dans les fossés.
Et puis Alexandre Devermont se retourne vers son ami et lui dit:
- Alors? ... et cette blonde, là, dont tu me parlais... celle qui a les gros nichons... c'est qui cette fille?
Et son ami lui sourit.                   

GLOSER:
 

réussite:  succes
aléa: risiko

séduire: forføre



vide: vakuum
savonnette: håndsæbe
vichy:  ?
fossette: (hage-)kløft
décourageant:deprimerende

péter plus haut que son cul: forsøge at være mere, end man er
détacher: fremhæve
particule: "de", adelsprædikat (="von")
chevalière: signetring
armoiries: våbenskjold
fouillis: roderi
fleur de lys: lilje
blason: våbenskjold
Charcutiers-Traiteurs:  "slagterlaug"
en-tête: brevhoved
résine: harpiks
Mimile: Émile

patine: patina
lichen: lav
chêne: eg
bisaïeul: oldefar

s'y reprendre:  prøve igen (to gange)
permis: kørekort
repasser: "måtte bruge"
être dans la poche: "være en nem sag"
poivrot: drukmås


écart: forskel
forfait: fast pris
stage: kursus
à jeun: "på tom mave"
Peugeot 104
grange: lade
crotte: møg
reconnaître:
fesses: røv
se dévergonder: skeje  ud
reconnaître: anerkende